Le vrai secret de la réussite de la Corée en tir à l’arc?

Traduction par Alexane Scelles.

La psychologie et la santé mentale sont des termes régulièrement cités dans le monde moderne, souvent avec peu de contexte ou de compréhension de leur véritable sens. Le stress a un immense impact sur la performance, dans la vie et dans le sport, et très peu de personnes ressentent autant de pression que les archers de niveau mondial.

Kim Youngsook, du Korean Institute of Sports Science (Institut coréen de la science du sport), a passé ces six dernières années en tant que psychologue du sport de l’équipe coréenne de tir à l’arc, en les suivant de victoire en victoire. Kim a entraîné l’équipe au long des Jeux d’Asie, des Championnats du Monde et des Jeux Olympiques de Rio lors desquels l’équipe a remporté quatre médailles d’or historiques.

Elle nous a donné un aperçu de son rôle et de la façon dont elle soutient certains des athlètes de tir à l’arc les plus talentueux que le monde peut offrir.

“Quand je suis là, c'est mon travail de fournir un entraînement en psychologie du sport pour qu’ils puissent contrôler leur concentration, leur confiance, et gérer l’anxiété,” Kim de commenter.

“Je leur apporte des conseils. J’aide le plus souvent les archers pour des sentiments d’insécurité, d’anxiété, et de manque de confiance. Quand il arrive qu’un archer n’aie pas confiance dans un aspect de son geste, ou qu’il ne soit pas au mieux de sa condition physique, on tend à avoir aussi des répercussions psychologiques.”

“On règle alors ces problèmes ensemble.”

Une présence apaisante autour d’un groupe d’athlètes de niveau mondial qui portent sur leurs épaules la pression d’avoir les standards les plus élevés à maintenir, Kim sait le niveau de conscience mentale aiguë que le tir à l’arc requiert. 

““Dans les autres sports, la psychologie du sport représente typiquement seulement 20 ou 30 pour cent environ de la performance. Pour le tir à l’arc, on dit que c'est sûrement plus près des 80 pour cent. Le véritable facteur décisif de la performance dans le tir à l’arc est la force mentale et la confiance de l’archer,” explique Kim. 

C'est un sentiment dont font souvent écho les archers eux-mêmes. Dans les interviews, les athlètes font mention du rôle joué par la confiance dans leur performance, que ce soit dans le cas d’une victoire ou d’une défaite.

Les nombreuses années d’expérience de Kim avec l’équipe leur ont permis de réellement s’épanouir. A travers des méthodes de consultation aussi simples que la respiration, le discours intérieur positif, la visualisation et la mise en place d’objectifs, Kim a pu faire se développer la confiance de cette équipe d’élite, lentement mais sûrement. Cependant, les relations formées sont tout aussi importantes que la performance.

“La chose la plus importante est de créer de bonnes relations avec les athlètes. S’ils ne me faisaient pas confiance je n’aurais aucune influence, donc gagner la confiance des archers et conserver la confidentialité est très important. Mon travail est le plus gratifiant quand je vois que les archers sont de plus en plus à l’aise,” dit-elle.

“La meilleure partie de mon travail est de loin de regarder les athlètes changer et se développer positivement avec mon aide, mes conseils et mon soutien. C'est bien quand ils tirent bien, aussi, mais regarder leur développement du point de vue de la psychologie du sport est pour moi ce qui est le meilleur.”

Le rôle de Kim en tant que psychologue est un élément clé du mécanisme qui maintient constamment l’équipe coréenne de tir à l’arc au sommet. 

Mais quand on lui demande son avis sur les raisons de la si grande réussite de l’équipe, elle répond simplement:

“Je pense que l’équipe coréenne est aussi forte grâce à notre processus de sélection. En tirant lors des nombreuses compétitions requises pour la sélection dans l’équipe, les athlètes découvrent comment se contrôler sous la pression.”

L’aspect psychologique du tir à l’arc est invisible, mais essentiel, particulièrement lorsqu’il s’agit de maintenir les standards d’élite du sport dans le monde moderne.

Interview et contenu additionnel par Vanessa Lee.