Interview avec Larry « Cœur de Lion » Godfrey (GBR)

 Quand on regarde en arrière sur la saison 2011, on peut voir qu’aucun archer britannique n’a véritablement brillé. Aucun archer n’a ramené de médaille individuelle à la maison. Que se passe-t-il? Oui c’est vrai… On essaie encore (rires). Cependant, j’ai battu environ 11 records personnels cette année. On prend la bonne direction et les médailles viendront, peut-être l’année prochaine !   L’année prochaine justement, Londres accueillera les Jeux Olympiques mais ne penses-tu pas, en tant qu’athlète du pays organisateur, être dans une sorte de position confortable dans la mesure où vous êtes automatiquement sélectionnés ?
Non, absolument pas. Je pense qu’il y a encore plus de pression sur nous en tant que pays organisateur. Il y a encore plus d’interviews, plus d’attentes (…) bien plus que pour Beijing en 2008. Quand nous étions au Championnat du Monde a Turin, nous nous sommes qualifiés en 6e position, ce qui veut dire que nous avons virtuellement obtenu les quotas olympiques. En d’autres termes, le boulot a été fait.   Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus à propos des sollicitations médiatiques ? Nous avons au moins une ou deux interviews par semaine et cela prend énormément de temps quand tu as beaucoup de travail, une famille, etc. On répond volontiers aux sollicitations médiatiques ; c’est important pour le pays, important pour le tir à l’arc, pour le tir à l’arc en Grande Bretagne… On doit jongler avec beaucoup de choses en ce moment. J’ai l’espoir de remporter encore pas mal de choses cette saison, de m’entrainer autant que l’an dernier et ensuite je serai prêt pour 2012. Même après les Jeux Olympiques, on espère encore attirer l’attention des medias. Même auprès des élèves dans les écoles… On doit augmenter autant que possible l’intérêt des medias pour le tir a l’arc et ensuite notre sport pourra grandir naturellement. Peut-être que je le ferai en tant que médaillé d’or !   Dans quelle mesure as-tu intensifié tes entrainements ? J’ai regardé mon planning d’entrainement sur les huit dernières années et il a plutôt bien fonctionné pour moi. Mon entrainement de l’hiver dernier a bien marché; je vais certainement le répéter l’hiver prochain. Comme je l’ai dit auparavant, j’ai battu de nombreux records personnels cette année, ce qui veut dire que je suis vraiment sur la bonne voie.   Est-ce que tu te considères comme étant le leader de l’équipe britannique ? Disons que Simon TERRY est le meilleur archer britannique depuis quelques années. Cette année, je me suis néansmoins qualifié en tête des sélections nationales pour chaque compétition internationale donc je suis plutôt satisfait de ce que j’ai fait. Nous avons la finale des GB Series le week-end prochain et je me suis classé dans les trois premiers à chacune des 5 étapes. Je suis au meilleur de ma forme en ce moment… Je suis en train de faire une bonne saison et c’est vraiment sympa d’être de retour au premier rang. Je pense que j’ai pris encore plus de confiance dans ce que je fais. Je me suis entrainé durement pendant 5 mois pour y arriver.    Et si un archer britannique devenait champion olympique l’année prochaine ? Ca serait fantastique ! C’est le rêve de devenir champion olympique dans son pays, sa terre natale… J’ai participé deux fois aux Jeux Olympiques : j’ai fait un super résultat aux premiers, un peu moins bon ensuite, ce qui veut dire en quelque sorte que j’ai réalisé deux différentes compétitions et je sais ce qu’il me reste à faire pour monter sur le podium lors de la prochaine édition.  Est-ce que tu as été déçu de ta 4e place à Athènes en 2004, juste au pied du podium ? Sur le coup, oui. Après réflexion, les gens savaient ce à quoi je pouvais m’attendre. Je m’étais déjà classé 4e à un tournoi de Grand Prix mais je n’avais pas réellement d’attentes en 2004. Si mes souvenirs sont bons, j’ai dû me qualifier 31e, ce n’était pas si mal. J’ai rencontré Magnus PETERSSON (SWE) au second tour, il était classé 2e et je me suis dis à moi-même « à toi de jouer ». Je l’ai battu et cela m’a donné mon confiance, « pourquoi ne pas battre les autres » ? J’ai rencontré Marco GALIAZZO (ITA) en demi-finale et ce match a été très serré. Un match de champions si on veut. J’ai juste tiré une mauvaise flèche, juste en dehors du jaune et les jeux étaient faits. Cette 4e place en était une bonne mais quand je me suis retrouvé avec les médaillés à attendre le retour du bus, j’ai réalisé que je n’avais pas de médaille autour du cou. Je me suis dit « oh non… ».   Tu portes un tatouage sur ton bras droit et il devrait y avoir une nouvelle ligne l’année prochaine – chaque ligne de son tatouage correspond à son classement aux Jeux Olympiques, juste dessous du Lion, symbole de l’équipe britannique – quelle est pour toi la signification de ton tatouage ? Ce qui est sûr, c’est que j’en ferai un en particulier pour Londres 2012 si je remporte la médaille d’or ! Je dois encore y songer (rires). Quand j’ai remporté ma première médaille à l’âge de 11 ou 12 ans, les Jeux Olympiques n’étaient encore qu’un rêve et voilà que je vis ce rêve depuis Athènes en 2004. Peu d’athlètes britanniques ont participé plus d’une fois aux Jeux Olympiques, c’est pourquoi j’ai voulu marquer le coup en faisant tatouer mes classements. Ce tatouage symbolise le rêve que je vis.   Le fait que le tournoi aura lieu a Lord’s Cricket Ground à Londres aura quelque chose de particulier pour l’équipe britannique de tir a l’arc ? Pour être honnête, sur le terrain je ne fais pas de différence entre les Jeux Olympiques, les Coupes du Monde ou les Championnats du Monde : selon moi, il n’y a pas LA compétition. Je l’ai vu comme ca à Athènes, puis à Beijing. Il y aura les mêmes personnes, celles que je connais déjà. Le Lord’s Cricket Ground est imprégné d’histoire, c’est un site prestigieux… Ca sera bien.  Que penses-tu du nouveau Système de Sets qui sera utilisé pour la première fois aux Jeux Olympiques ? On doit toujours s’habituer au changement, n’est-ce pas ? On l’utilise depuis un an déjà et le changement est remarquable par rapport au cumul des points en 18 ou 12 flèches. Les meilleurs archers devraient être capables de s’en sortir. Je me suis bien fait au nouveau système. Beaucoup de retournements peuvent arriver et je pense que chacun du top 16, ou au moins du top 8, peut remporter l’or. Chacun peut tirer trois volées de suite à 29 points et aller au bout.   Que penses-tu des doubles mixtes ? C’est super ! Nous avons gagné une médaille en doubles mixtes aux championnats du monde de Turin avec Amy OLIVER et c’était un feeling extraordinaire ! Je trouve juste dommage qu’il n’y ait pas encore les doubles mixtes aux Jeux Olympiques. Aux Jeux du Commonwealth de Delhi en 2010, je voulais juste passer devant Simon TERRY pour faire partie de l’équipe mixte mais il n’y avait pas doubles mixtes non plus (rires) ! Pour 2012, je suis déçu parce qu’il n’y aura pas de possibilité de faire une médaille dans cette catégorie. C’est dommage car certains sports ont plein d’épreuves, de médailles aux J.O. Nous avons cette possibilité de remporter une médaille en doubles mixtes dans les championnats du monde de tir à l’arc et autres compétitions de tir à l’arc. Mais nous n’avons pas la possiblité de remporter une médaille en doubles mixtes dans l’évènement pour lequel tu as travaillé si dur pour te qualifier. Peut-être à Rio en 2016 mais personne ne sait encore qui en fera partie.   Nous savons qu’Allan WILLS (GBR) et toi êtes les meilleurs amis du monde : comment vous aidez-vous l’un et l’autre ? En effet. On s’entre-aide toujours. Comme garder un œil sur les petits détails… Nous faisons également en sorte que tout reste positif. Nous avons tous des caractères différents, des âges différents au centre national de Lilleshall et il est parfois difficile de faire ami-ami avec tout le monde, mais avec Al c’est toujours parfait!   Jean-Denis GITTON World Archery Communication