Sebastián JUANOLA : “la récompense c’est d’être ici”

JUANOLA vient d’arriver à Cali pour prendre part aux compétitions de tir en campagne avec la sensation du devoir accompli et avec encore la passion pour son hobby préféré intacte.
Depuis ton titre de champion du monde à Val d’Isère l’an dernier, comment se passe ta vie et où as-tu tiré?Ma vie est plus triste …il rigole… Parce qu’après l’obtention du titre de champion du monde, tu tires un peu avec une obligation ; ce n’est plus simplement un hobby avec un succès à la clé, il s’agit après ça d’être présent, point ! Pour le reste, ma vie est pareille, je suis fermier de profession et quant au tir à l’arc, j’ai participé à une compétition en Suède et je continue de tirer dans notre ligue nationale.
Avec quelles attentes arrive un champion du monde comme toi à un événement comme les Jeux Mondiaux? Nous l’avons souvent mentionné mon coéquipier David GARCIA et moi, notre récompense c’est d’être ici. Si nous sommes là c’est parce que nous avons bien fait les choses, mais de penser que la compétition va bien se dérouler ou non c’est une autre histoire ; on peut gagner en tirant mal, comme on peut très bien perdre en tirant bien. Notre récompense c’est d’être ici, parmi toutes les autres bêtes mondiales.
Comment perçois-tu les Jeux Mondiaux?Pour le moment nous n’avons pas vu grand-chose, nous somme tout juste arrivés hier soir et nous sommes venus tirer quelques flèches sur le terrain d’entraînement. Nous verrons ce qui se passe demain et après-demain, mais pour le moment, tout me semble bien organisé. Quoi qu’il en soit, nous sommes néophytes, avec le décalage horaire conséquent et avec du sommeil à rattraper.
As-tu déjà sérieusement pensé à prendre part à des compétitions sur le circuit d’arc classique ou d’arc à poulies organisées par la Fédération Mondiale?Non pas du tout, je veux continuer à tirer comme je sais. J’ai d’autres objectifs dans la vie : la famille et mon entreprise. Le tir à l’arc n’est vraiment qu’un hobby et tant que je continuerai à le voir comme tel, je continuerai à bien tirer ; tandis que si je dois tirer par obligation, je pense que le charme sera rompu. Ici par exemple, on reconnait les archers professionnels des autres et on peut ressentir la pression supérieure à la nôtre qui pèse sur leurs épaules. C’est peut-être ce qui nous rend plus sereins, puisque même si nous tirons moins bien qu’eux, nous obtiendrons la même chose. Eux jouent leur salaire, mais pour moi, mon salaire c’est d’être ici et que notre fédération finance le voyage, ce qui constitue un grand privilège.
Ressens-tu que les tireurs d’arc nu manquez de reconnaissance internationale?Oui, mais certainement dû au fait que nous ne gagnons pas notre vie avec ça et que nous n’aspirons pas à participer aux Jeux Olympiques. Personnellement, j’ai de la reconnaissance internationale, mais j’ai un manque de reconnaissance à niveau national. En Espagne, l’arc nu n’est pas reconnu comme à l’étranger, et encore moins en campagne. Nous sommes un peu les parents pauvres du tir à l’arc.
Comment vois-tu le niveau en Espagne dans les différentes modalités? Il y a de l’engouement, mais les gens étaient et sont encore un peu en état stagnant dans toutes les modalités, probablement dû au manque de grands succès. En campagne, pour l’arc classique, personne ne veut tirer ; c’est comme s’il était question de se rabaisser. De nouveau, quand on voit ce qui se passe en Europe et dans le monde, c’est une autre histoire ; on se bat pour participer à de grands championnats internationaux, alors qu’en Espagne non. On a la sensation que ce qui se passe ailleurs est trop éloigné pour les archers espagnols. David et moi avons un peu cassé cette étiquette, mais les gens continuent de nous percevoir différemment, parce que nous sommes en haut, pas au-dessus des autres ; mais pour les autres archers nous paraissons inatteignables et ils ne pensent même pas à nous rejoindre. Je pense que s’ils prenaient plus le tir à l’arc comme un hobby, ils auraient une autre attitude, car si on ne prend pas de plaisir à tirer, ça ne sert à rien !
Et toi comment te vois-tu : prends-tu toujours autant de plaisir et te sens-tu avec des envies de faire plus de choses dans ce sport? Après avoir remporté les Championnats du Monde, j’ai traversé une mauvais période. Quinze jours après la victoire, j’ai participé à un tournoi de tir à l’arc 3D mais ma tête n’a pas suivi : je tirais tout aussi bien, mais ma tête n’y était pas. Ça a été un désastre total parce que je n’y ai pris aucun plaisir. Ce n’est qu’après cette mauvaise passe que je me suis rendu compte que c’était à cause de mon titre de Champion du Monde. Maintenant, je prends à nouveau plaisir à participer à des compétitions, indépendamment du fait de finir premier, deuxième ou dixième. Je le répète : la récompense c’est d’être ici, c’est quelque chose d’incroyable !
Retrouvez la biographie de Sebastián JUANOLA et suivez dès demain les compétitions de tir à l’arc en campagne aux Jeux Mondiaux de Cali sur notre page web.
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