Brady ELLISON : “contribuer à faire du tir à l’arc un sport professionnel”

Le vice-champion olympique avec l’équipe américaine Brady ELLISON participe à ses premiers Jeux Mondiaux et sa première compétition internationale de tir en campagne. Sa victoire sur le vice-champion du monde Jake KAMINSKI lors des sélections américaines fait de lui un prétendant sérieux à une médaille.
Comment va ton tir en cette année post-olympique ?Cette année a été plutôt difficile et décevante. Je me suis cassé un os de la main droite au début de la saison, je n’ai pas pu m’entraîner pendant six semaines, puis j’ai participé à deux tournois avec la main dans le plâtre ; une semaine avant la Coupe du Monde de Shanghai, on m’a enlevé le plâtre et j’ai recommencé à m’entraîner à plein-temps. Il y a des années comme ça… C’est bien que ce soit arrivé au début de la saison : j’ai le temps de me préparer pour les Championnats du Monde, et je suis encore en course pour me qualifier pour les Finales de Coupe du Monde, mais je vais devoir bien tirer en Pologne pour y arriver. A présent, j’ai plus de force dans la main qu’avant et je peux faire plus de choses (rires).
Comment se passe la transition de l’arc classique à la Coupe du Monde de Medellin au tir en campagne ici aux Jeux Mondiaux ?Elle se passe bien, j’aime vraiment le tir en campagne. C’est mon premier tournoi international, et j’aime beaucoup ça. Si seulement il existait un circuit de tir en campagne tel que la Coupe du Monde, je tirerais beaucoup plus de tournois ! Ça me rappelle mes années d’arc à poulies, quand je tirais beaucoup de 3D. Les paramètres ne sont pas connus, il faut tout estimer. Je suis très heureux d’être ici !
Depuis combien de temps est-ce que tu pratiques le tir en campagne ?Ce sera le cinquième tournoi de toute ma carrière. Je participe aux Championnats des Etats-Unis ; généralement je prépare mes marques pour chaque distance deux jours avant la compétition, puis je tire (rires). 
Comment se sont passées les sélections américaines, où tu t’es qualifié au détriment du vice-champion du monde de la spécialité, Jake KAMINSKI ?Jake est un bon tireur et il a pris une bonne avance le jour des distances non marquées. En général je suis bon pour les distances non marquées, mais j’ai mal jugé quelques cibles de 80cm, ce qui a permis à Jake de me devancer. Il a très bien tiré, idem pour le jour des distances marquées. Mais ce jour-là, je n’ai rien raté. Toutes mes flèches ont atterri dans le jaune, je l’ai battu de peu et me voici !
Qu’est-ce que tu préfères, les distances marquées ou non marquées ?C’est une question difficile. Les non marquées sont un peu plus faciles parce que c’est plus court. J’aime les distances marquées, parce que les cibles sont plus petites et plus longues, c’est donc beaucoup plus difficile d’atteindre de bons scores.
Comment t’es-tu préparé pour les Jeux Mondiaux ?Juste aujourd’hui ! (rires)… C’est la vérité ! Hier j’ai préparé mes marques de viseur pour mon arc, j’ai passé une heure à préparer mes distances, et aujourd’hui c’est le premier jour que je tire sur des cibles de tir en campagne depuis les championnats de mon pays.
Qu’est-ce que les Jeux Mondiaux t’inspirent ?Je me réjouis d’y participer ! C’est un événement multisports tout comme les Jeux Olympiques et les Jeux Panaméricains. Ce serait sympa de gagner ce tournoi. J’aurais bien aimé qu’on habite tous dans un village comme lors des Jeux, pour pouvoir rencontrer des athlètes d’autres sports et aller encourager nos compatriotes d’autres sports. Le fait qu’on soit tous disséminés dans des hôtels différents va rendre cela plus difficile. Mais j’aime ces événements multisports !
Quel est ton objectif ici ?J’ai des attentes très hautes.
C’est-à-dire la médaille d’or ?Oui… (rires). Je veux juste tirer de bons scores. J’ai entendu dire que le parcours serait difficile, mais j’espère quand même atteindre 375-380 sur ces deux jours. 
Et tes objectifs pour le reste de la saison ?Tout le monde veut gagner les Championnats du Monde, c’est le titre majeur après lequel je cours. J’espérais me qualifier facilement pour les Finales de la Coupe du Monde, mais maintenant je serais content simplement d’y arriver. C’est mon nouvel objectif. Je suis un peu sur la défensive en ce moment, je suis provisoirement quatrième mais à égalité avec beaucoup d’autres archers. Je vais vraiment devoir bien tirer en Pologne pour me qualifier pour Paris !
Et en dehors du sport ?Cette année il n’y en a que pour le tir à l’arc. Rodger WILLETT Jr. m’a emmené faire de la pêche au harpon en Turquie, et je commence à m’y mettre. Espérons que je puisse me mettre à l’eau à la fin de l’année et attraper quelque chose. Je m’entraîne en Californie au Centre d’entraînement olympique pour le moment ; l’océan est tout près, je vais aller taquiner les requins !
Tu es une idole pour beaucoup de jeunes. Qu’est-ce que ça t’inspire ?C’est une très bonne sensation. J’essaie de vivre ma vie et de montrer un bon exemple pour les jeunes, en espérant qu’ils me suivent, qu’ils aillent au bout de leurs rêves, qu’ils aient confiance en eux, et qu’ils donnent une bonne image de leur sport et de leur pays. En allant aux Jeux Olympiques, tout le monde a le même objectif : être quelqu’un que les gens respectent pour ses performances sportives et pour son attitude en dehors du terrain.
Qu’est-ce que la médaille olympique a changé ?Je ne sais pas si elle a changé ma vie... Elle m’a sans conteste ouvert plus de portes, mais je n’ai pas l’impression qu’elle m’a changé en tant qu’homme, dans mon approche du tir à l’arc ou dans l’attitude des gens envers moi. J’aspire toujours à tirer et faire de mon mieux. Je ne pense pas mériter quoi que ce soit de plus qu’un autre qui tire bien et qui gagne juste parce que j’ai gagné une médaille d’argent olympique. Les Jeux Olympiques sont quelque chose d’énorme, et je suis très heureux d’être médaillé olympique, mais il y a tellement d’autres tournois à venir. La médaille m’a ouvert des portes en particulier en dehors du tir à l’arc, en m’amenant des sponsors autres qu’équipementiers. J’espère trouver encore un grand sponsor en dehors du tir à l’arc, comme Coca Cola, en vue des prochains Jeux.
Qu’est-ce que tu peux encore apporter au tir à l’arc, et qu’est-ce qu’il peut encore t’apporter ?Le tir à l’arc est ma vie ! C’est ce qui me rend heureux (sourire). Je pense qu’on peut encore faire beaucoup de choses pour le tir à l’arc. Un de mes objectifs est de contribuer à faire du tir à l’arc un sport professionnel, en particulier aux Etats-Unis. Notre sport passe à la télévision et beaucoup de gens le pratiquent. Par exemple, la Corée a un circuit professionnel. J’aimerais contribuer à lancer un système similaire aux Etats-Unis, qui permette non pas à un ou deux athlètes, mais plutôt à 10, 15 ou 20, de vivre de leur sport et d’en faire vivre leur famille. De cette manière, le niveau général du tir à l’arc américain pourrait encore être amélioré. Et si on arrivait à construire un tel circuit, d’autres pays pourraient le faire également, ou venir participer à nos séries. Nous avons besoin de plus d’argent, de sponsors et de couverture télévisée. Le tir à l’arc est plus populaire que jamais aux Etats-Unis, donc si l’on veut se lancer, c’est maintenant, tant que le tir à l’arc génère cet intérêt.
Personnellement, penses-tu vivre du tir à l’arc encore longtemps ?Oui! Si je reste numéro un dans mon pays et que je continue à gagner la majorité des tournois auxquels je participe, alors oui, je continuerai à vivre du tir à l’arc. J’aimerais le faire aussi longtemps que possible. Je vise neuf participations olympiques au total, parce que c’est le nombre de places qu’il me reste pour compléter mon tatouage (rires). J’aime tirer et je ne pense pas que cela va changer de sitôt. Je continuerai aussi longtemps que ça me permettra d’entretenir ma femme et ma future famille.
Retrouvez la biographie de Brady ELLISON et suivez dès demain les compétitions de tir à l’arc en campagne aux Jeux Mondiaux de Cali sur notre page web.
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