Les confessions de Thomas LEZANSKI: une rétrospective sur sa carrière de tir à l'arc

Propos de Thomas LEZANSKI recueillis par World Archery

Je suis né en 1947 à Varsovie, en Pologne. En 1953, à l'âge de six ans, j'ai contracté la polio. C'était à l'époque des pré-vaccins, et la maladie a obligé à me munir d'attelles à ma jambe gauche en raison de l'atrophie musculaire de ma jambe et de ma fesse.

À 14 ans, j'ai commencé le tir à l'arc avec l'entraîneur polonais bien connu Mieczyslaw NOWAKOWSKI. Huit ans plus tard, j'ai battu mon premier record national, pour une ronde FITA (du nom de l'époque), et en 1970, je terminais huitième des Championnats d'Europe.

Le tir à l'arc fut réintroduit au programme des sports olympiques à temps pour les Jeux de 1972 à Munich. Il avait été au programme olympique de 1900, 1904, 1908 et 1920, mais absent depuis 52 ans.

J'ai été choisi comme premier et seul archer masculin polonais en ce temps-là dans l'équipe nationale.

Participer aux Jeux Olympiques est le rêve de tout athlète. J'étais submergé par les émotions mais aussi inquiet. J'étais une personne handicapée et je ne savais pas comment je serais accueilli par la communauté sportive.

Mais mon inquiétude d'est avérée infondée. J'ai été très bien accueilli par l'équipe nationale et les autres concurrents. Je me sentais comme à la maison dans le village et j'étais heureux de faire partie du plus grand événement sportif de la planète.

Les Jeux Olympiques de Munich 1972 ont été marqués par une attaque terroriste choquante. Cela s'est en fait passé le jour de la compétition de tir à l'arc, et l'épreuve avait été retardée.

Ce fut un moment très triste pour la communauté olympique.

La compétition a quand eu lieu, et cette expérience m'a rendu confiant dans le pouvoir du sport et dans ma capacité en tant qu'athlète pour tout le reste de ma carrière.

Parallèlement à ma carrière sportive, j'ai étudié à temps plein à la faculté d'ingénierie mécanique et aéronautique à l'Université technique de Varsovie, largement considéré comme l'un des départements les plus exigeants de l'institution.

Après avoir terminé mon Master en sciences, j'ai été employé par l'Université pour poursuivre mes recherches dans les domaines de la combustion de moteur. J'ai finalement obtenu un doctorat dans la recherche sur les moteurs à combustion.

Tout en travaillant à temps plein et mettant en balance mon entraînement, j'ai raté d'un cheveu la qualification pour les Jeux Olympiques de Montréal en 1976.

Vingt ans plus tard, j'ai participé à mes premiers Jeux Paralympiques, et j'ai assisté à chaque édition depuis Atlanta 1996 à Beijing 2008. J'ai remporté une médaille d'argent par équipe à Atlanta et une d'argent en individuel à Athènes en 2004.

Au cours de ma carrière, j'ai établi de nombreux records nationaux et gagné plusieurs titres polonais tant dans les compétitions valides que handisports.

Même si ma carrière sportive s'est officiellement terminée en 2014, après 53 ans de tir à l'arc, et tout en sachant que je ne vais plus représenter mon pays, j'ai quand même encore l'intention de participer à des épreuves vétérans. Mon histoire d'amour avec le tir à l'arc n'est pas encore terminée.

J'ai encore faim de compétition et je ne peux pas penser à vivre sans la montée d'adrénaline que je reçois quand je concoure face à d'autres archers.

Maintenant, également officiellement retraité du travail, même si je suis toujours impliqué dans plusieurs projets de recherche à temps partiel, je passe plus de temps avec ma femme, à m'entraîner pour les épreuves vétérans et pour mon hobby de toujours: les maquettes de voitures, avions et bateaux anciens.

Je ne me suis jamais considéré comme une personne handicapée. Malgré le handicap physique évident, je ne pense pas avoir jamais rencontré des obstacles qui m'ont empêché de faire les mêmes choses que les autres. J'ai toujours pris les obstacles comme des défis à relever et toujours essayé de trouver un moyen d'accomplir les tâches.

Travailler avec des étudiants de l'Université m'a fait me sentir jeune. J'aime enseigner et je ressens des liens solides avec les jeunes qui sont sur le point de faire leurs premiers pas dans le monde.

J'ai l'impression d'avoir vécu pleinement ma vie.

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