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02 septembre 2006 - Interview de Michele Frangilli (ITA): “J’aime tirer dans toutes les formes du tir à l’arc”
Lausanne
“J’aime tirer dans toutes les formes du tir à l’arc”
Göteborg – 02 septembre 2006
Michele Frangilli (ITA) est une véritable star du tir à l’arc, ayant remporté de nombreux Championnats en plein air, en salle et en tir en campagne, et développé sa propre technique de tir. De par son expérience, il a beaucoup à dire sur le tir à l’arc.
Photo © Dean Alberga
Michele FRANGILLI (ITA) – 30 ans
Extrait de son palmarès:
3 médailles d’or et 1 en argent aux Championnats du Monde de Tir en Campagne
1 médaille d’or et 1 en argent aux Jeux Mondiaux
1 médaille d’or aux Championnats d’Europe de Tir en Campagne Michele, tu es une nouvelle fois Champion du Monde aujourd’hui et hier tu as pris l’argent par équipe. Comment te sens-tu ?
Ces deux médailles supplémentaires me font très plaisir. Je crois en fait que je dépasse un autre grand archer Italien, Andrea Parenti, sur les tabelles.
Comment s’est déroulée la compétition aujourd’hui ?
En fait, je suis un peu malade. J’ai du prendre la grippe que ma sœur Carla avait la semaine passée et qui l’a empêchée de venir ici. Donc, je voulais simplement tirer de bonnes flèches et prendre du plaisir.
A la dernière cible, tu étais à 50 sur 50 avant de ne tirer que deux 4. Ton adversaire allemand n’était qu’un point derrière. As-tu senti la pression ?
Non, même pas. J’ai vu que lors de la finale pour la 3ème place, les archers tiraient un peu bas. Donc, j’ai adapté un peu mon viseur et j’ai tiré… trop haut. La première flèche était juste dans le 5 mais les deux dernières sont passées dans le 4. Cela a juste suffit pour gagner d’un point.
Tu es un des archers ayant connu le plus de réussites lors des 15 dernières années, et l’un des quelques archers ayant gagné dans de nombreuses disciplines. Pourquoi pratiques-tu le tir en campagne, en fait ?
Le tir en campagne est amusant. Vous tirez dans toutes sortes de positions, en montée, en descente, sur des cibles plus grosses ou plus petites. La distance varie également chaque fois, alors il faut constamment s’adapter. A Göteborg, on a aussi tiré près d’un lac et il y avait pas mal de vent. Je trouve ça excitant ! L’ambiance générale aussi est très bonne; vous profitez de la nature en marchant en forêt. De plus, on n’a pas le stress sur chaque tir comme dans un match, sauf en finales. Vous partez sur le parcours, vous comptez vos points et à la fin de la journée, vous avez vos résultats. J’aime tirer dans toutes les formes du tir à l’arc, et pour moi il est important de m’entrainer dans beaucoup de disciplines. Je m’ennuierais si je pratiquais seulement le tir sur cible en plein air.
Tu le pratiques pour le fun mais en plus tu gagnes…
Bien sûr, vous avez toujours envie de gagner….. Ici en tir en campagne, l’évolution des règles rend la vie plus facile pour les archers issus comme moi du tir sur cible. Maintenant, il y a seulement un parcours avec une distance inconnue sur toute la semaine. On utilise aussi un peu moins les reliefs que par le passé. Ce parc pour les finales de samedi est magnifique mais il est bien sûr aussi assez plat. J’espère que le nombreux public a eu du plaisir.
T’es-u entraîné beaucoup récemment pour t’adapter au tir en campagne ?
En fait, pas trop, mais je peux compter sur toute mon expérience et ma technique. Je pratique seulement comme j’en ai envie. Cependant, chaque tir compte. Le premier doit être un 10, le dernier doit être un 10 (sur cible en plein air). Avec les années, j’ai aussi accumulé beaucoup d’expérience. Si je fais un mauvais tir avec ma technique, je sais exactement ce que je dois changer pour le tir suivant.
La fameuse technique Frangilli. Peux-tu en dire plus ?
C’est mon père qui l’a développée. Nous avons décomposé un tir en 11 points clés ; Il est ainsi plus facile de travailler sur chaque aspect. Ensuite, il est important de fixer les yeux tout le temps sur le même point, en alignant la visée et la corde. Enfin, l’aspect très spécial est que je pousse en avant mon bras porteur, en visant en direction de la cible, pour libérer le cliqueur. A la fin, je ne tire pas mon autre bras en arrière, comme c’est l’habitude. Mais, honnêtement, c’est difficile d’expliquer cela en interview. Il vaut mieux lire le livre que nous avons écrit avec mon père, avec tous les dessins explicatifs.
Est-ce que beaucoup d’archers l’utilisent ?
Bien sûr c’est une technique un peu spéciale; mais certains l’utilisent en Italie et dans les pays de l’Europe de l’Est.
Qu’en est-il de ta sœur Carla Frangilli ?
Elle utilise partiellement cette technique, avec les adaptations nécessaires pour chaque archer. Elle a du talent, mais cela dépend aussi de ce qu’elle veut faire dans la vie. C’est comme tout le monde à un moment donné. Voulez-vous étudier, travailler plus, passer du bon temps avec vos amis ou voulez-vous prendre le temps nécessaire pour exceller en tir à l’arc ? Personnellement, j’ai choisi le tir à l’arc toute ma vie.
J’imagine alors que vous avez appréciez de voir la création d’une Coupe du Monde de Tir à l’Arc ?
Oui bien sûr, c’est une super idée, et il y a des prize money pour les archers. La Coupe du Monde semble bonne pour les TVs, les fans et les sponsors. Les manches européennes de la Coupe du Monde à Porec (CRO) et Antalya (TUR) étaient de très haut niveau. Je suis également allé à San Salvador (ESA), et j’irai à la dernière épreuve de Shanghaï (CHN), pour tenter de me qualifier pour la finale à Mérida (MEX). En homme classique, le classement général est serré entre la 3ème et la 10ème place, mais seuls les 4 premiers seront qualifiés. C’est un système difficile.
Que changerais-tu dans le système ?
J’ouvrirais peut-être la Finale de la Coupe du Monde à davantage d’archers, et en particulier aux équipes. Mon raisonnement est que plus vous avez de chances de vous qualifier pour la grande finale, plus vous participerez aux épreuves qualificatives. Si vous l’ouvrez plus aux équipes, les pays se sentiront obligés d’envoyer à chaque fois une équipe complète. Alors nous aurons vraiment tous les archers du plus haut niveau à chacune des épreuves.
Et à propos du format de la compétition ?
Et bien… D’un côté les matchs de 12 flèches sont formidables pour les fans et la télévision. De l’autre côté, c’est aussi risqué pour les archers. S’il est un peu malchanceux avec le vent, un archer classé au top peut perdre au premier tour des éliminations. Les archers classés au top devraient mieux être avantagés par le classement mondial ou les qualifications d’une épreuve. Les huit premiers en qualifs pourraient arriver directement en 1/16 de finales. De plus, même si c’est difficile à regarder pour les fans, une ronde FITA de qualifications, soit 36 flèches tirées à 90m, 70m, 50m et 30m, reste pour moi une référence de la qualité d’un archer. On pourrait donner des médailles pour les rondes FITA dans les Championnats du Monde.
Que penses-tu de poules avec des matchs ?
Ça pourrait être bien aussi car ça donne justement le droit à l’erreur ou la malchance, par exemple, dans un groupe de 4 avec 2 qualifiés. Si je perds un match, j’ai toujours la possibilité de revenir. Si je perds deux matchs, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Il est bien aussi de grouper les demi-finales et les finales lors des événements, comme ici à Göteborg. Si on tire que la finale le dernier jour, c’est difficile de trouver son rythme.
Comment va le tir à l’arc en Italie ?
Les résultats de l’élite sont toujours bons, la preuve ici avec 3 titres et de nombreuss médailles. Pour les tireurs « du dimanche », il faudrait arriver a baisser un peu les coûts. Si on rassemble toutes les formes de tir à l’arc, je pense qu’on dépasse les 30'000 tireurs.
Un dernier mot sur les arcs à poulies. Quel est d’après-toi l’avenir de cet arc ?
C’est difficile de m’exprimer car je suis un tireur classique. Néanmoins, on a vu à ces Championnats du Monde de Göteborg beaucoup de score « parfait » chez les poulies. Il faudrait peut-être leur compliquer la vie soit en rajoutant de la distance ou en réduisant les cibles. Ce serait aussi amusant pour le public de voir des cibles qui bougent, mais je ne suis pas sûr que les archers aimeraient cela…
Va bene Michele, grazie. Didier Miéville FITA Communication
3 médailles d’or et 1 en argent aux Championnats du Monde de Tir en Campagne
1 médaille d’or et 1 en argent aux Jeux Mondiaux
1 médaille d’or aux Championnats d’Europe de Tir en Campagne Michele, tu es une nouvelle fois Champion du Monde aujourd’hui et hier tu as pris l’argent par équipe. Comment te sens-tu ?
Ces deux médailles supplémentaires me font très plaisir. Je crois en fait que je dépasse un autre grand archer Italien, Andrea Parenti, sur les tabelles.
Comment s’est déroulée la compétition aujourd’hui ?
En fait, je suis un peu malade. J’ai du prendre la grippe que ma sœur Carla avait la semaine passée et qui l’a empêchée de venir ici. Donc, je voulais simplement tirer de bonnes flèches et prendre du plaisir.
A la dernière cible, tu étais à 50 sur 50 avant de ne tirer que deux 4. Ton adversaire allemand n’était qu’un point derrière. As-tu senti la pression ?
Non, même pas. J’ai vu que lors de la finale pour la 3ème place, les archers tiraient un peu bas. Donc, j’ai adapté un peu mon viseur et j’ai tiré… trop haut. La première flèche était juste dans le 5 mais les deux dernières sont passées dans le 4. Cela a juste suffit pour gagner d’un point.
Tu es un des archers ayant connu le plus de réussites lors des 15 dernières années, et l’un des quelques archers ayant gagné dans de nombreuses disciplines. Pourquoi pratiques-tu le tir en campagne, en fait ?
Le tir en campagne est amusant. Vous tirez dans toutes sortes de positions, en montée, en descente, sur des cibles plus grosses ou plus petites. La distance varie également chaque fois, alors il faut constamment s’adapter. A Göteborg, on a aussi tiré près d’un lac et il y avait pas mal de vent. Je trouve ça excitant ! L’ambiance générale aussi est très bonne; vous profitez de la nature en marchant en forêt. De plus, on n’a pas le stress sur chaque tir comme dans un match, sauf en finales. Vous partez sur le parcours, vous comptez vos points et à la fin de la journée, vous avez vos résultats. J’aime tirer dans toutes les formes du tir à l’arc, et pour moi il est important de m’entrainer dans beaucoup de disciplines. Je m’ennuierais si je pratiquais seulement le tir sur cible en plein air.
Tu le pratiques pour le fun mais en plus tu gagnes…
Bien sûr, vous avez toujours envie de gagner….. Ici en tir en campagne, l’évolution des règles rend la vie plus facile pour les archers issus comme moi du tir sur cible. Maintenant, il y a seulement un parcours avec une distance inconnue sur toute la semaine. On utilise aussi un peu moins les reliefs que par le passé. Ce parc pour les finales de samedi est magnifique mais il est bien sûr aussi assez plat. J’espère que le nombreux public a eu du plaisir.
T’es-u entraîné beaucoup récemment pour t’adapter au tir en campagne ?
En fait, pas trop, mais je peux compter sur toute mon expérience et ma technique. Je pratique seulement comme j’en ai envie. Cependant, chaque tir compte. Le premier doit être un 10, le dernier doit être un 10 (sur cible en plein air). Avec les années, j’ai aussi accumulé beaucoup d’expérience. Si je fais un mauvais tir avec ma technique, je sais exactement ce que je dois changer pour le tir suivant.
La fameuse technique Frangilli. Peux-tu en dire plus ?
C’est mon père qui l’a développée. Nous avons décomposé un tir en 11 points clés ; Il est ainsi plus facile de travailler sur chaque aspect. Ensuite, il est important de fixer les yeux tout le temps sur le même point, en alignant la visée et la corde. Enfin, l’aspect très spécial est que je pousse en avant mon bras porteur, en visant en direction de la cible, pour libérer le cliqueur. A la fin, je ne tire pas mon autre bras en arrière, comme c’est l’habitude. Mais, honnêtement, c’est difficile d’expliquer cela en interview. Il vaut mieux lire le livre que nous avons écrit avec mon père, avec tous les dessins explicatifs.
Est-ce que beaucoup d’archers l’utilisent ?
Bien sûr c’est une technique un peu spéciale; mais certains l’utilisent en Italie et dans les pays de l’Europe de l’Est.
Qu’en est-il de ta sœur Carla Frangilli ?
Elle utilise partiellement cette technique, avec les adaptations nécessaires pour chaque archer. Elle a du talent, mais cela dépend aussi de ce qu’elle veut faire dans la vie. C’est comme tout le monde à un moment donné. Voulez-vous étudier, travailler plus, passer du bon temps avec vos amis ou voulez-vous prendre le temps nécessaire pour exceller en tir à l’arc ? Personnellement, j’ai choisi le tir à l’arc toute ma vie.
J’imagine alors que vous avez appréciez de voir la création d’une Coupe du Monde de Tir à l’Arc ?
Oui bien sûr, c’est une super idée, et il y a des prize money pour les archers. La Coupe du Monde semble bonne pour les TVs, les fans et les sponsors. Les manches européennes de la Coupe du Monde à Porec (CRO) et Antalya (TUR) étaient de très haut niveau. Je suis également allé à San Salvador (ESA), et j’irai à la dernière épreuve de Shanghaï (CHN), pour tenter de me qualifier pour la finale à Mérida (MEX). En homme classique, le classement général est serré entre la 3ème et la 10ème place, mais seuls les 4 premiers seront qualifiés. C’est un système difficile.
Que changerais-tu dans le système ?
J’ouvrirais peut-être la Finale de la Coupe du Monde à davantage d’archers, et en particulier aux équipes. Mon raisonnement est que plus vous avez de chances de vous qualifier pour la grande finale, plus vous participerez aux épreuves qualificatives. Si vous l’ouvrez plus aux équipes, les pays se sentiront obligés d’envoyer à chaque fois une équipe complète. Alors nous aurons vraiment tous les archers du plus haut niveau à chacune des épreuves.
Et à propos du format de la compétition ?
Et bien… D’un côté les matchs de 12 flèches sont formidables pour les fans et la télévision. De l’autre côté, c’est aussi risqué pour les archers. S’il est un peu malchanceux avec le vent, un archer classé au top peut perdre au premier tour des éliminations. Les archers classés au top devraient mieux être avantagés par le classement mondial ou les qualifications d’une épreuve. Les huit premiers en qualifs pourraient arriver directement en 1/16 de finales. De plus, même si c’est difficile à regarder pour les fans, une ronde FITA de qualifications, soit 36 flèches tirées à 90m, 70m, 50m et 30m, reste pour moi une référence de la qualité d’un archer. On pourrait donner des médailles pour les rondes FITA dans les Championnats du Monde.
Que penses-tu de poules avec des matchs ?
Ça pourrait être bien aussi car ça donne justement le droit à l’erreur ou la malchance, par exemple, dans un groupe de 4 avec 2 qualifiés. Si je perds un match, j’ai toujours la possibilité de revenir. Si je perds deux matchs, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Il est bien aussi de grouper les demi-finales et les finales lors des événements, comme ici à Göteborg. Si on tire que la finale le dernier jour, c’est difficile de trouver son rythme.
Comment va le tir à l’arc en Italie ?
Les résultats de l’élite sont toujours bons, la preuve ici avec 3 titres et de nombreuss médailles. Pour les tireurs « du dimanche », il faudrait arriver a baisser un peu les coûts. Si on rassemble toutes les formes de tir à l’arc, je pense qu’on dépasse les 30'000 tireurs.
Un dernier mot sur les arcs à poulies. Quel est d’après-toi l’avenir de cet arc ?
C’est difficile de m’exprimer car je suis un tireur classique. Néanmoins, on a vu à ces Championnats du Monde de Göteborg beaucoup de score « parfait » chez les poulies. Il faudrait peut-être leur compliquer la vie soit en rajoutant de la distance ou en réduisant les cibles. Ce serait aussi amusant pour le public de voir des cibles qui bougent, mais je ne suis pas sûr que les archers aimeraient cela…
Va bene Michele, grazie. Didier Miéville FITA Communication