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15 June 2010 - Mix HAXHOLM (THA/SWE): "Il faut se construire quelque chose par soi-même"
Lausanne
Mix HAXHOLM (THA/SWE): "Il faut se construire quelque chose par soi-même"
Lausanne - 15 June 2010
L’Association Suédoise de Tir à l’Arc a eu la chance de rencontrer récemment une figure très spéciale du tir à l’arc de cette dernière décennie, une personne qui associe harmonieusement beauté et élégance avec le tir à l’arc: Jenjira KERDPRASOP, plus connue sous le nom de Mix HAXHOLM. Voici son interview.
Née à Bangkok en Thaïlande et élevée à Finspång en Suède, Mix HAXHOLM a voyagé dans le monde entier pour s’entraîner et concourir durant quatre ans avec l’équipe de Thaïlande d’arc classique. Après avoir remporté le titre de Miss Thaïlande en 2003, elle a poursuivi en participant à la compétition de Miss Monde, raison pour laquelle elle n’a pas pu représenter son pays aux Jeux Olympiques d’Athènes l’année suivante. Mais cela n’a pas empêché Mix d’ouvrir une école de tir à l’arc à Bangkok et d’animer une émission TV sur le sport.
Suite à ces nombreuses expériences, Mix combine maintenant un programme très chargé de top model avec une vie de famille normale puisqu’elle est mariée avec un joueur de football professionnel suédois. Par ailleurs, son retour à la compétition n’est plus qu’une question de temps.
Mon mentor, Erik KARLSSON, qui est décédé il y a quelques années, m’a entraînée depuis ma toute première flèche, commence Mix. Il me disait souvent de mettre en ordre ma vie et mon tir: "Tu dois être plus organisée." C’était il y a longtemps, et je pense que ma vie aujourd’hui peut être décrite comme du désordre organisé, raconte-t-elle en prenant une gorgée de café.
Mix est maintenant la cofondatrice de Proteinfabrikken Sweden, une entreprise active dans le domaine des compléments alimentaires. Cela implique un gros travail qu’il faudra prendre en considération si elle reprend une carrière dans le tir à l’arc.
Pouvez-vous, s’il vous plaît, nous raconter votre histoire depuis le début?
Je suis née à Bangkok et ai été élevée à Finspång. Je pense que cela m’a donné un bon équilibre dans ma vie. Mais tout a commencé il y a 12 ans. Déménager à l’autre bout du monde à l’âge de 16 ans, ça a été vraiment très dur. Mon père était également très strict quand j’étais plus jeune. Pas de soirées prolongées dans les discothèques. Mais il m’a beaucoup soutenue quand il a fallu saisir des occasions comme celle-là.
Je me vois encore dans la cours d’école en train de penser "ça, c’est ma chance. C’est maintenant ou jamais." Et je n’ai pas hésité une seule seconde. Ainsi, je suis allée m’entraîner et concourir pour l’équipe nationale de Thaïlande. J’ai fait ça pendant quatre ans. Par la suite, je suis devenue la première étrangère à m’entraîner avec l’équipe nationale coréenne.
Comment avez-vous eu la possibilité de vous entraîner en Thaïlande et en Corée? Cela a dû être une belle expérience?
Mon père et Monsieur PARK Kyung Rae, un célèbre entraîneur qui a fondé la marque de tir à l’arc Win&Win, étaient bons amis et m’ont aidée à m’occuper de ça. Je me souviens avoir rendu visite à M. PARK en Corée. Il avait un petit bureau et parlait de son rêve de fabriquer des arcs. Regardez-le maintenant! Est-ce que ce n’est pas fantastique?
J'ai passé six mois à vivre et à m’entraîner avec la meilleure équipe coréenne. Nous vivions dans le centre de Séoul. Certaines des filles étaient championnes du monde et olympiques. C’était comme être joueur de football professionnel ou rock star. Nous avions notre propre chauffeur, des vêtements gratuits, un bon salaire, et nous recevions même un bonus lorsque nous réussissions de bons résultats.
L’entraînement était très dur. Après ma première semaine, j'ai téléphoné à la maison en pleurant. L’une des filles thaïlandaises n’a pas tenu le coup et est rentrée chez elle après trois semaines. Une fois, je me suis retrouvée à l’hôpital car mon corps n’était pas habitué à s’entraîner à ce niveau.
Maintenant, quand je regarde en arrière, je pense que c’était ma faiblesse quand j’étais jeune: m’entraîner trop dur et ne pas écouter mon corps. On m’a beaucoup critiquée ici en Suède car je m’entraînais beaucoup trop. OK, je tirais 400 flèches chaque jour, six jours par semaine en plus d’un entraînement physique très important. Mais j’avais aussi l’impression que si j’arrivais à gérer ça, je pouvais gérer n’importe quoi. J’ai beaucoup appris sur moi-même à cette époque-là et je pense que le tir à l’arc m’a fait devenir une femme assez forte qui sait où elle va et ce qu’elle veut.
Les archers suédois doivent s’entraîner plus de nos jours, mais tout est une question d’équilibre. Il ne suffit pas de copier. La Suède est totalement différente de la Corée. La priorité, c’est le travail ou l’école, et après vient l’entraînement de tir à l’arc. Les stars coréennes mangent et respirent le tir à l’arc. C’est tout ce qu’elles font. L’entraînement en Corée est basé sur la manière coréenne de faire les choses. Nous pouvons copier leurs fondamentaux qui sont excellents et les utiliser comme fondements sur lesquels bâtir notre propre façon de faire.
J’ai une philosophie: "Tu ne peux pas être numéro un tant que tu empruntes chez quelqu’un d’autre." Il faut se construire quelque chose par soi-même. Il faut rester intègre.
Après ma première année en tant que Miss Thaïlande, j’ai beaucoup travaillé comme mannequin. Mais au lieu de faire la fête après le travail, j’ai créé une école de tir à l’arc à Bangkok pour m’aider à garder un équilibre entre la célébrité et la vie normale. Le mannequinat, ce n’est pas juste une question d’argent et de prestige. C’est également la drogue, et c’est facile de se laisser entraîner dans ce milieu-là. Alors en 2006, j’ai estimé qu’il était temps de déménager et je suis retournée en Suède. Je me suis mariée et maintenant je travaille en Thaïlande durant de courtes périodes et je retourne ensuite à ma vie normale.
J’ai aussi commencé à chanter et j’ai mis les pieds dans l’industrie de la musique. J’ai enregistré en studio en 2007 et j’espère que ma musique sortira bientôt.
Parlons maintenant de votre retour à la compétition. Comment vous sentez-vous?
Physiquement, je ne suis pas au sommet de ma forme, mais je suis plus forte mentalement. J’ai participé à quelques compétitions en arc classique l’année dernière et j’ai réussi 1247 points à l’Epreuve FITA. Mais j’ai appris tellement de choses sur l’entraînement et le tir que j’ai juste besoin de temps pour m’entraîner. Mon nouveau travail me prend également beaucoup de temps actuellement. Tout doit donc être bien en place avant que je puisse me concentrer complètement sur mon retour à la compétition.
Et vos rêves?
Mon rêve? Mon rêve quand j’étais petite, c’était de participer aux Jeux Olympiques comme patineuse artistique. C’est le sport que j’ai pratiqué en premier, mais j’étais déjà trop vieille à 15 ans, et c’est à ce moment-là que le tir à l’arc a pris le dessus. Mon rêve de participer aux Jeux est toujours bien présent et peut-être qu’un jour...
Son téléphone sonne, elle répond, et c’est le moment de terminer l’interview. Mix part en courant à travers la rue vers une réunion importante, comme toute jeune femme avec des rêves intacts.
Mikael SVAHN et Paul COMPTON, The Swedish Archery Magazine
Edité par World Archery Communication