Inna STEPANOVA : “ une victoire olympique est l’objectif ultime ”

La Russe de 23 ans a remporté la deuxième victoire majeure de sa carrière à Medellin en juillet, après celle de Shanghai en 2011. C’était également la première victoire individuelle d’importance pour l’arc classique russe depuis deux ans. L’athlète venue de Bouriatie (Sibérie) est pratiquement assurée de se qualifier pour les Finales de Coupe du Monde à Paris.
Que peux-tu dire de ta victoire à la Coupe du Monde de Medellin ?Je suis évidemment très heureuse d’avoir remporté la médaille d’or en Colombie. Il y a un décalage horaire très important entre ma ville d’Oulan-Oude et Medellin, mais par chance nous avons atterri en Colombie le soir, nous avons été dormir directement et avons pu être bien reposés en vue du lendemain. L’entraînement a été efficace et nous avons pu nous familiariser avec le terrain de tir. Je ne dirais pas que j’ai très bien tiré en qualifications ; j’ai réalisé 1334 points, alors que je visais au moins 1340. Suite à cette première journée, j’ai mieux compris comment gérer le vent et lors des éliminatoires du double mixte, ça allait déjà beaucoup mieux. A l’heure de tirer les éliminatoires individuelles, je connaissais exactement l’orientation du vent et j’ai pu mieux gérer la compétition.
Grâce à ta huitième place à Antalya et à ta victoire à Medellin, tu es en passe de te qualifier pour les Finales de Coupe du Monde.A l’issue de la deuxième manche de Coupe du Monde à Antalya, où j’ai atteint les quarts de finale, une qualification pour les Finales de Paris devenait possible. Je devais saisir ma chance. C’est pourquoi j’ai fait le voyage à Medellin, alors qu’à l’origine ce n’était pas prévu. Et maintenant, je me retrouve en troisième position du classement. Je pense que je réussirai à conserver ma place, car je m’étais déjà qualifiée en 2011, grâce à ma victoire à l’étape de Shanghai cette année-là.
Justement, est-ce que cette première victoire t’a aidée à gagner à Medellin ?Oui. Quand j’ai tiré ma première finale à Shanghai, j’étais très nerveuse et j’ai eu beaucoup plus de peine à gérer la pression que maintenant. A Medellin, j’ai tiré telle une archère expérimentée. Le vent soufflait violemment, mais il m’a plutôt rendu service : il ne soufflait pas que sur mes flèches, mais aussi sur celles de mon adversaire, qui n’a pas très bien réussi à s’y adapter. J’ai l’habitude de tirer sous le vent : le terrain où je m’entraîne en Bouriatie est au bord d’une rivière, il y a toujours du vent la journée.
Peut-on dire que 2013 sera ta meilleure année ?Je ne sais pas… c’est difficile à dire tant que la saison n’est pas terminée. On verra si je me qualifie pour Paris et comment se passent les Championnats du Monde. C’est mon objectif principal de la saison, notre équipe s’entraîne très dur pour cette échéance. Je vise également les Jeux Olympiques de Rio 2016. Une victoire olympique est l’objectif ultime.
Ton équipe a remporté la Coupe du Monde d’Ogden en juin 2012, mais a raté de justesse la médaille de bronze olympique un mois plus tard. Quel impact cela a-t-il sur l’équipe ?Nous sommes très soudées. Ce que nous n’avons pas réussi aux Jeux Olympiques (ces quelques points que nous avons perdus ici ou là) est à considérer comme une expérience. On s’aime quand même et on se soutient quelle que soit la situation. Nous avons un réservoir de talent considérable en Russie, avec huit filles qui peuvent prétendre aux quatre places de Coupes du Monde et aux trois places pour les Championnats du Monde. Cela nous pousse à être compétitives en tout temps et à viser d’excellents résultats.
Quelle est l’importance du tir à l’arc en Bouriatie ?La Bouriatie a une longue tradition de tir à l’arc. C’est un de nos trois sports nationaux avec la lutte et les courses de chevaux. En conséquence, nous avons une très bonne école locale de tir à l’arc qui forme de nombreux archers de talent. A côté de cela, le tir à l’arc est une activité populaire ; beaucoup de gens le pratiquent pour le plaisir avec des arcs traditionnels et des flèches en bois qu’ils fabriquent souvent eux-mêmes. Nous avons une fête ancienne appelée Sukharban qui a lieu chaque année et comprend des épreuves de tir à l’arc, de lutte et des courses de chevaux. Les participants concourent avec un équipement traditionnel vêtus du costume national. Le gagnant reçoit un troupeau de moutons.
Toi-même, comment as-tu commencé le tir à l’arc ?Une de mes copines d’école, dont la tante est entraîneur, m’a fait découvrir le tir à l’arc à l’âge de 11 ans. J’en ai fait une fois, mais je n’ai commencé à m’entraîner qu’une année plus tard. Actuellement, je m’entraîne sous la férule de Gerelma et Konstantin ERDYNIYEV, qui sont les parents de ma coéquipière Natalia ERDYNIYEVA. Ils me guident et me soutiennent dans toutes les situations, bonnes ou mauvaises. Je leur suis très reconnaissante. Mon équipe représente également un grand soutien.
Comment t’entraînes-tu étant donné le climat extrême de la Sibérie ?Il fait très chaud l’été en Bouriatie (jusqu’à 35 C°) et on s’entraîne en plein air, tandis que l’hiver on s’entraîne en salle à 18 mètres. Vu la longueur de l’hiver russe, notre entraîneur national a mis sur pied un programme qui comprend des camps d’entraînement dans des pays chauds, pour nous permettre de tirer aussi longtemps que possible les longues distances. En général, on a un camp d’entraînement en Turquie dès la fin des Championnats d’Europe et du Monde en salle, avant le début de la saison de tir en plein air. On a également un deuxième camp d’entraînement à la fin de la saison, en novembre, avant de retourner en Russie et d’enchaîner avec le programme hivernal.
Que fais-tu en dehors du tir à l’arc ?Je suis étudiante en éducation physique. Je veux obtenir mon diplôme cette année, j’étais censée le faire l’an dernier mais j’ai pris une pause pour me concentrer sur les Jeux Olympiques. Cette année, j’espère obtenir mon diplôme à l’issue de la saison d’été. Je vais devenir entraîneur de tir à l’arc. A côté de cela, je suis passionnée de musique classique, R&B, hip-hop… et j’adore danser ; j’aimerais apprendre le tango ou la valse, et peut-être les danses latines l’année prochaine en Colombie !
Allez à la biographie d’Inna STEPANOVA et visionnez la vidéo de sa victoire à Medellin cette année.
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